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Autisme et harcèlement sur le lieu de travail: quatre femmes autistes témoignent

La personne présentant des troubles du spectre autistique rencontre des difficultés relationnelles tout au long de sa vie.

Ces problèmes touchent différentes sphères de son existence dont la sphère professionnelle ou estudiantine.

Au niveau professionnel et des études, si la hiérarchie et les collègues de travail de la personne autiste ne sont pas correctement informés de ses spécificités, ceux – ci peuvent générer des malentendus, des tensions et amener à des situations de harcèlement.

La personne autiste est donc victime de discrimination.

Dans cet article, quatre femmes autistes diagnostiquées, Sonia, J.M., Elisabeth et Claire témoignent sur des situations de harcèlement rencontrées sur leur lieu de travail ou durant leurs études et des conséquences que celui – ci a eu dans leurs vies.



1. Elisabeth, gestionnaire administrative



Lors de ma prise de poste en octobre 2018 pour un poste de gestionnaire administrative, j'ai compris très vite que l'on m'avait volontairement induit en erreur sur les diverses procédures et formations sur les différents logiciels de travail.

Mes 2 collègues, qui sont en place sur leurs postes depuis 10 ans, ont eu avant moi, en l'espace de 10 ans, 5 agents qui ont eu mon poste.

Cela m'a amenée à réfléchir et à apporter une attention particulière lors de mes questionnements sur les tâches à effectuer.

J'ai testé et puis j'ai demandé confirmation auprès d'un autre agent neutre à mon service.

Les points précis de ce harcèlement ont été :

- m'induire volontairement en erreur pour se faire valoir et avoir une prime en juin lors de la formation des logiciels, oubli d'insérer des informations pour validation des opérations à faire donc ... erreur et rapport auprès de la cheffe.

Mais la cheffe sait que je HPI et donc pas si bête que cela. Elle a compris "le manque de pédagogie" de mes collègues et m'a informée d'un autre référent logiciel neutre d'un autre service ;

- m'infantiliser et me renseigner à postériori, pas en l'instant T pour être en retard

avant le déconfinement et le télé travail mis en place tout était verbal donc sans preuves et en finalité ;

- lors du confinement, des preuves par mail de ce harcèlement et dénigrement ont été effectives ;

Les faits ont été relatés auprès de ma cheffe de pôle qui a arrondi les angles et malgré la prise de conscience de ces faits, n'a pas réagi car elles sont compétentes sur leur poste de travail.

Ces faits aussi ont été relatés auprès d'un cadre des RH. Les effets pervers de ce harcèlement moral ont amené à une surcharge mentale qui a aussi donné des difficultés physiques: une grande fatigue, des ruminations mentales, de l' insomnie et du stress qui a aussi donné sur un syndrome de stress post – traumatique assez important, presque sévère d'après mon neuropsychiatre. Donc, au bout de deux ans, j'ai lâché. Je vais demander une mise en indisponibilité pour me ressourcer, prendre soin de ma santé. De plus dû aucun aménagement de ma RQTH n'a été mis en place alors que j'ai des droits.

Le poste était intéressant mais ma santé mentale et physique ne pouvaient plus supporter cette situation.

2. M.S, étudiante




Mon témoignage est le suivant : Apres une errance estudiantine et diagnostique, j'ai été finalement diagnostiquée autiste, TDAH et accessoirement hpi.

À l'université, j'ai été victime de brimades car mes prises des paroles furent considérées comme peu convenables, voir pas du tout.

Ma relation à l'autre réside dans les centres d'intérêt communs partagés. Je n'ai pas eu une bonne expérience à l'université car un enseignant s'est posé en despote. Il se moquait de tout le monde et a, au sein de son équipe, sa cour de chouchous.

Le problème dans le milieu universitaire est cette autorité qu'ont les professeurs, et maître de conférence. Leur parole a de la valeur et, de ce fait, les autres les suivent. Donc, ceux qui osaient s’opposer subissaient des brimades et des violences verbales. L'un d'eux à dit que j'étais folle. Il s'est servi de son pseudo diplôme en criminologie contre moi.

Alors, après quelques années d'attente, je lui ai fait un "prank" à Halloween afin de lui faire prendre conscience que si moi je suis forte, d'autres le seront moins.

Au-delà de ça, mes relations sociales sont assez convenables dans le sens où la solitude ne m'effraie pas, j'aime ce que je fais, et je suis satisfaite de ce que je suis.

J'invite mes semblables à se moquer ouvertement des intolérants.

3. Sonia, étudiante


Je suis autiste asperger et comme toutes les personnes du spectre, je dispose d'intérêts particuliers. L'un de mes intérêts spécifiques est la philosophie, plus particulièrement la métaphysique. Lorsque j'étais sur les bancs de la fac, un professeur m'a dit : "si tu aimes la métaphysique c'est parce que tu es névrosée (j'étais anorexique à l'époque), le jour où tu seras guérie, tu seras bouchère."

Ne sachant pas du tout répondre à cela et étant tout à fait naïve, sa remarque a contribué à mettre un flou dans mon esprit, à dévaluer mes centres d'intérêt et j'ai fini par penser (bien sûr à cette situation s'en ajoute beaucoup d'autres) que je n'étais qu'un être pathologique dont les intérêts étaient pathologiques. Me sentant très insécure, j'ai été traumatisée par cette remarque et n'ai pas remis sa parole en doute.

Aujourd'hui, après quelques années je me rends compte que cela a eu lieu de manière récurrente et tout au long de ma vie, j'ai ainsi abandonné progressivement mes ambitions et n'ai jamais pensé que ce pouvait être une manière que ce professeur avait, d'utiliser son pouvoir.

Un autre écrivain avait fait de même en lisant des poèmes que j'avais écrit et qui allaient être parus, me disant que ce que je faisais n'était valable qu'en terme d'évasion, symbole de la souffrance mais que ça ne "valait" pas en terme littéraire. J'ai arrêté de partager ce que j'écrivais. Le problème reste le poids que la naïveté nous fait donner à ces gens dans nos décisions. Je redémarre tout doucement les activités d'écrivain aujourd'hui mais je fais face à des peurs et des angoisses que tous ces traumatismes ont laissé.


4. Claire, gestionnaire de contrat


Je m'appelle Claire, j'ai 31 ans et j'ai reçu un diagnostic d'Asperger en février 2020 après 2 ans de thérapie commencée suite à une dépression.

Je travaille dans une petite entreprise de gestion d'assurances dans la banlieue ouest de Paris. J'ai rejoint cette entreprise en août 2019 après avoir été contactée par un cabinet de recrutement qui cherchait une personne avec un niveau professionnel d'anglais pour gérer un contrat dans cette langue.

Les six premiers mois se sont très bien passés malgré une fatigabilité très importante notamment liée aux 2h de transport en commun par jour (j'habite à l'opposé, côté banlieue est).

Au moment du confinement, nous sommes passés en télétravail à temps plein. C'est à ce moment là que les difficultés ont commencé. Ma chef m'a reproché ma productivité, des soucis de prise des appels (transférés sur des téléphones portables afin d'assurer la continuité de service). De mon côté, je me sentais perdue, je pense avoir besoin d'un encadrement assez soutenant et bienveillant. À cet égard, le confinement a été un vrai cataclysme. Avant, je parvenais à m'en sortir en posant beaucoup de questions à mes collègues, j'étais désormais seule pour gérer mes dossiers et je me sentais larguée, et surtout, j'ai commencé à ressentir une énorme pression et de l'anxiété en continu. J'avais l'impression d'être constamment scruté et jugée, et on me rappelait que je n'étais pas à la hauteur. Ça a été très dur psychologiquement.

Suite à cela, j'ai décidé de m'ouvrir à ma cheffe et de lui parler de mon diagnostic. Sur le moment, l'annonce a été bien prise, mais cela a été de courte durée. J'ai ensuite fait face à un discours assez validiste du type : "je ne vais pas te traiter comme une handicapée, je te demanderai la même chose qu'aux autres", une autre fois : "les aménagements c'est l'entreprise qui choisit de les accorder ou non". Bref, plus que du harcèlement à proprement parler j'ai avant tout l'impression de faire face à un mur d'incompréhension. Actuellement je suis en arrêt pour un mois, j'attends le retour de la MDPH et mon médecin généraliste a demandé un 80% au médecin conseil de la sécurité sociale. Cette situation m'affecte énormément, notamment du point de vue de la confiance en mes compétences et ma place dans le monde du travail. Je suis en train de réfléchir à une reconversion mais j'ai l'impression que ma vie professionnelle n'a été qu'une suite de postes chaotiques qui ne me correspondaient pas. J'espère aujourd'hui pouvoir entamer un nouveau départ maintenant que je me connais davantage.

Mes conseils si cela se produit : bien s'entourer, consulter des syndicats, avocats, associations, essayer de ne pas se culpabiliser de de prendre de la distance même si c'est terriblement difficile. Je souhaite vraiment que d'ici quelques années l'autisme soit mieux connu et les entreprises mieux informées car le handicap invisible est bien là même s'il ne se voit pas. L'épuisement auquel l'incompréhension mène est un vrai défi au quotidien.

Que peut faire une personne autiste si celle – ci se fait harceler ?


Au niveau individuel:

  • Se déculpabiliser

  • Oser en parler

Au niveau des démarches:

  • Alerter sa hiérarchie

  • Réunir des preuves et aller voir un avocat

  • Demander du soutien à une association autiste

  • Aller voir son syndicat

Avocat:


Me Christophe Vocat :


https://cvocat-avocat.wixsite.com/avocat?fbclid=IwAR3rNqKuj16W1pQ8CMHQSHRsYE_jWuO0c34vTfZknvZEisBYaHdy8eyt1P0


avocat au barreau de Saint – Nazaire. "Le cabinet intervient principalement dans les domaines liés au handicap :

- Assistance et recours contre les décisions de la MDPH, de la CAF et du conseil départemental.

- Assistance et recours contre l'Education Nationale (AVS, action en responsabilité...).

- Action en responsabilité de l'Etat et des acteurs publics ou privés pour tout types de dysfonctionnements."


Ressources utiles:

  • Vincot, Jean, Guide d'autodéfense au travail pour les personnes autistes téléchargeable, septembre 2019, pp 5 – 9 donne des conseils sur le harcèlement:




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